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Don des vignerons de Pommard: « Un symbole fort »

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Qu’est-ce que la flavescence dorée ?

Marie-Charlotte Anstett (chargée de recherche CNRS) : Il s’agit d’une maladie bactérienne épidémique de la vigne transmise par un insecte, la cicadelle. Les épidémies de flavescence dorée partent très vite et détruisent les vignobles rapidement. Le problème est qu’aujourd’hui, seuls des traitements insecticides à haute dose conjugués à l’arrachage des plants peuvent contenir la maladie. Des traitements annuels ont donc été rendus obligatoires, alors que l’utilisation des insecticides avaient quasiment été abandonnés dans la région.
Aujourd’hui, la maladie est contenue en Bourgogne, mais les viticulteurs sont inquiets. Ils aimeraient avoir d’autres solutions que cet épandage d’insecticide.

Pour quelle raison les vignerons de Pommard ont-ils choisi de s’impliquer dans ces recherches ?

Régis Gougeon (professeur à l’IUVV) : La problématique de la flavescence dorée a été particulièrement médiatisée l’année dernière suite à l’affaire Emmanuel Giboulot. Les vignerons ont beaucoup discuté de cette histoire entre eux. A Pommard, ils ont décidé d’agir en soutenant la recherche à l’université de Bourgogne. Ils souhaitaient initier une nouvelle dynamique et devenir des précurseurs. Ils ont une réelle volonté d’être acteurs et d’exister en tant que défenseurs soucieux d’une préservation de la viticulture. A ma connaissance, Pommard est le premier village à faire un don de ce type à l’uB. 

Dès l’année dernière, à l’occasion de la fête du village Les automnales de Pommard, la confrérie Le bailliage de Pommard a décidé de vendre des verres au profit de la recherche sur les maladies de la vigne. Le village entier est donc impliqué dans cette démarche. Cette dynamique est constructive et participe au rapprochement entre le monde universitaire et le monde professionnel. C’est pour moi un symbole fort. 

Quelles sont les recherches menées actuellement sur cette maladie ?

M-C. A. : Je suis spécialisée dans les interactions tritrophiques, les interactions plantes – insectes – bactérie. Mon idée est d’étudier ce problème avec la biologie intégrative (intégrer différentes disciplines de la biologie : biologie des populations, dynamique des populations, comportement animal, écologie chimique, etc.), afin de trouver une faille dans le cycle de vie de la bactérie et/ou du vecteur et avoir un nouvel angle d’attaque. 
J’ai une approche de terrain. Cet été, je ferai des manipulations dans des vignes et menerai des expériences de comportement en laboratoire. Je ferai également des simulations par modélisation pour tenter de prédire les variations de taille de population de cicadelles en fonction de différents paramètres. 

Pensez-vous trouver une solution pour se passer totalement des insecticides ?

M-C. A. : Mon objectif fondamental est de comprendre ces interactions tritrophiques. Lorsque l’on aura compris le système, on pourra s’interroger sur ce qu’il est possible de faire. Je serais ravie que l’on trouve une solution qui permette d’éviter totalement l’usage d’insecticides, mais je ne sais pas encore si c’est réaliste. L’objectif est pour l’instant de mieux prévoir les risques et prédire de façon précise comment il faut traiter au minimum tout en ayant un bon contrôle de la maladie.

Comment sera utilisé ce don ?

M-C. A. : Je pense utiliser cet argent de manière très lisible pour les viticulteurs, en faisant des expériences sur les distances de dispersion des cicadelles dès cet été. Cela permettra de définir précisément la distance à laquelle peut s’étendre la maladie et aura une application directe sur les stratégies de traitement insecticide.
Ce don est pour nous un vrai encouragement. Cela me fait très plaisir d’appliquer ma recherche fondamentale des interactions entre espèces sur ce problème. J’espère que nous pourrons mettre en application nos premières découvertes le plus vite possible. Il n’y aura pas de grande solution du jour au lendemain, mais certaines mesures existantes seront affinées. J’estime que j’aurai les premiers résultats des recherches menées cet été dans le courant de l’automne, avec, je l’espère, des choses applicables sur le terrain rapidement. 

Site du bailliage de Pommard
Biogéosciences – équipe écologie évolutive
L’affaire Giboulot dans le Bien Public

 

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