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Enquête au cœur d’un des plus grands cratères du monde

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Pourquoi étudier ce cratère ?

Elise Chenot : ce cratère de 180km de diamètre possède une particularité : c’est le seul sur Terre à disposer encore d’un anneau central (« peak ring »), une succession de petits monts discontinus enfouis sous plusieurs centaines de mètres de sédiments. En revanche, ces peak rings s’observent très bien sur Mercure ou la Lune par exemple. L’objectif premier de la mission était donc d’étudier cet anneau central pour comprendre comment il se forme, notamment sur les autres astres.

En quoi consistent les missions IODP ?

Chaque mission IODP se concentre sur un sujet de recherche précis et regroupe des spécialistes du monde entier, de domaines très différents (géologie, physique, géochimie, biologie, paléontologie, microbiologie,…). Elle se déroule pendant deux mois sur un bateau équipé de laboratoires. Après le forage, les carottes sont extraites, puis décrites et analysées en continu par tous les spécialistes de chaque domaine de recherche présents. Une mission regroupe en moyenne une quarantaine de chercheurs, auxquels s’ajoutent le personnel du forage, les techniciens qui s’occupent des machines…

En raison de la faible profondeur d’eau (environ 20m), l’expédition 364 n’a pas pu faire appel aux bateaux habituels qui forent en domaine profond. La mission s’est alors déroulée sur un bateau pouvant forer en eaux peu profondes, mais trop petit pour accueillir l’intégralité des scientifiques.
Cela s’est donc passé en deux étapes : une première mission off-shore, d’avril à mai 2016 à bord du bateau pour réaliser la campagne de forage en mer, et une seconde mission on-shore, de septembre à octobre au laboratoire MARUM à Brême (Allemagne), réunissant l’intégralité de l’équipe, pour analyser les 303 carottes. Cela représente 1335m de carottes récoltées.

Quelle était votre tâche sur cette mission ?

Je suis intervenue pendant la mission on-shore à Brême, en tant que sédimentologue. Il y a 66 millions d’années (Ma), lorsque l’astéroïde a percuté la Terre dans la péninsule du Yucatán au Mexique, il a formé un cratère d’impact, à moitié sur terre et en mer, prenant la forme d’une « cuvette ». Cette collision a engendré un raz de marée considérable. Après l’impact et le retour au calme de la mer, des sédiments marins se sont déposés à l’intérieur de cette structure, sur la partie du cratère immergée. J’ai contribué à la description de ces roches qui constituent « l’après-crise », ce que l’on nomme le « post-impact ».

Pourquoi étudiez-vous ces sédiments ?

Pour moi, l’intérêt est surtout paléo-climatique. Ma thèse porte sur la reconstitution des climats et courants océaniques passés du Crétacé supérieur (entre -80 et -70 Ma), c’est-à-dire avant l’impact. La chute de cet astroïde il y a 66 Ma fut la cause de grandes modifications climatiques à l’origine de l’extinction de nombreuses espèces. Grâce à l’étude des sédiments post-impact déposés dans le cratère, combinée à d’autres techniques, telles que la minéralogie des argiles, je voudrais tenter de reconstituer les paléoenvironnements et les paléoclimats de l’après-crise dans la région de l’impact… et pourquoi pas à plus grande échelle !

Au quotidien, je ne travaille pas du tout sur les astres et les cratères. Ce travail sort du cadre de ma thèse et je ne vais donc pas pouvoir m’y consacrer davantage cette année. Cependant, je termine mon doctorat dans un an. J’espère pouvoir développer cette thématique dans un projet post-doctorat.

Plus d’informations sur la thèse d’Elise Chenot

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